Suzanne Lenglen

France - droitière

Né le 24 mai 1899 à Compiègne. Décédée le 4 juillet 1938 d'une leucémie.

Suzanne Lenglen

Suzanne, "la Divine", a donné au tennis français mais aussi tout bonnement au tennis tout court ses lettres de noblesse. Son style très particulier en a fait une icône du tennis de l'entre-deux-guerres, qu'elle a outrageusement dominé.


Palmarès :

81 titres (auxquels il faut ajouter 84 titres en double), dont 6 Wimbledon et 6 Internationaux de France (le stade de Roland-Garros n'existait pas encore). Autre précision sur le vocabulaire : on parlait jusqu'en 1923 du Championnat de France, puis des Internationaux de France à compter de 1925. Le nom est resté.

Elle n'a jamais joué aux Etats-Unis ni en Australie, parce qu'à cette époque, les déplacements transcontinentaux étaient beaucoup plus limités qu'aujourd'hui.


Ses titres majeurs
(la notion de Grand Chelem serait ici un anachronisme, puisque le terme n'est apparu qu'en 1933).

Précision : A Saint-Cloud se jouaient les prestigieux Championnats du monde sur terre battue. Ils furent supprimés parce qu'ils faisaient doublon avec le championnat de France à Paris quand celui-ci s'ouvrit à toutes les nationalités. Le tournoi parisien devint les Internationaux de France en 1925. Il n' y a pas eu d'édition en 1924, du fait de l'organisation à Paris des Jeux Olympiques.
  1. Championnat du monde sur terre battue 1914
  2. Championnat du monde sur terre battue 1919
  3. Wimbledon 1919
  4. Championnat du monde sur terre battue 1920
  5. Championnat de France 1920
  6. Wimbledon 1920
  7. Championnat du monde sur terre battue 1921
  8. Championnat de France 1921
  9. Wimbledon 1921
  10. Championnat du monde sur terre battue 1922
  11. Championnat de France 1922
  12. Wimbledon 1922
  13. Championnat du monde sur terre battue 1923
  14. Championnat de France 1923
  15. Wimbledon 1923
  16. Internationaux de France 1925
  17. Wimbledon 1925
  18. Internationaux de France 1926

Style de jeu :

Elle a innové sur plusieurs plans, et notamment vestimentaire, en lançant la jupe courte quand ses contemporaines jouaient en jupe longue.Ce n'était pas par esthétisme mais parce qu'un vêtement plus court lui donnait plus de souplesse et de vélocité sur le court. Ses rivales ne tarderont pas à l'imiter.


Carrière :

En 1914, à quinze ans, Suzanne Lenglen devient championne du monde sur terre battue à Saint-Cloud.

En 1919, en finale de Wimbledon, Suzanne terrasse Dorothy Chambert, la septuple lauréate, qui a le double de son âge, 40 ans, mais qui malgré cela partait largement favorite. Dans cette finale, Suzanne écarta deux balles de match dans le douzième jeu de la dernière manche : 10/8 4/6 9/7.

En 1921, elle subit sa seule défaite en simple, encore que ce fut dans des circonstances très particulières. Cela se passa aux US Championships. Alors que la championne française avait accepté - pour une fois - de faire le voyage jusqu'en Amérique pour une exhibition  permettant de récolter des fonds pour les régions dévastées par les bombardements de la Première Guerre mondiale, elle contracta la coqueluche. Et sans son consentement, les organisateurs de l'US Championships l'inscrivirent à leur tournoi. Elle céda à la pression médiatique et participa, mais comme elle n'était pas tête de série (!), elle tomba d'entrée sur Eleanor Goss une excellente joueuse américaine. Celle-ci déclara forfait et c'est Molla Bjurstedt Mallory qu'elle dut affronter au deuxième tour. Pendant le match, Suzanne toussait et pleurait. Elle quitta le court sous les sifflets d'un public new-yorkais peu compréhensif.

En 1922, revenue à une meilleure santé, Suzanne prit sa revanche sur Mallory à Wimbledon de la manière la plus éclatante : 6/2 6/0 en 26 minutes pour Lenglen ! On a longtemps dit que ce match fut le plus rapide de tous les temps sur le circuit féminin. A Nice, une nouvelle fois les deux femmes se rencontrent, et la correction est plus sévère encore : 6/0 6/0 pour la Française.
 
Suzanne ne perdra plus à Wimbledon pendant six éditions (1919 à 1923 et 1925) ! Ayant dû déclarer forfait avant sa demi-finale en 1924 pour ennuis de santé, elle est donc invaincue sur ce tournoi entre 1919 et 1925. Sa
domination est toute aussi insolente au championnat de France (1920 à 1923), aux championnats du monde sur terre battue (1919 à 1923) et aux Internationaux de France (1925 et 1926 : le championnat de France s'ouvre aux étrangers en 1925 et remplace les championnats du monde sur terre battue). A Paris, Lenglen ne connaît pas la défaite entre 1921 et 1926. Au passage, la Divine décroche l'or aux Jeux Olympiques d'Anvers de 1920.

Sa domination sur son sport est donc totale. Mais hélas écourtée par un incident en 1926 pendant le tounoi de Wimbledon. Refusant d'aligner les matchs en simple et en double, elle manquera de peu la crise diplomatique en snobant la Reine qui s'était déplacée pour la voir jouer sur le Centre Court. La reine est vexée, et le public anglais boude la championne, qui préfère renoncer à terminer le tournoi. Elle n'y reviendra plus. Suzanne songe maintenant à mettre un terme définitif à sa carrière amateur.

Son match le plus mémorable est celui qu'elle disputa au Carlton Club de Cannes contre Helen Wills en février 1926. Wills se présente sur la Côte d'Azur avec l'étiquette de double tenante du titre à l'US Championships. C'est bien la plus âgée qui s'impose 6/3 8/6 dans un match à haute tension, au cours duquel Suzanne manque plusieurs fois de s'évanouir. Elle était, semble-t-il, épuisée par une nuit blanche occasionnée la veille par sa nervosité à l'idée de se mesurer à Helen Wills contre l'avis de son père. Les deux championnes n'auront plus l'occasion de se rejouer.

Passée professionnelle en 1926, Lenglen continue pendant deux ans d'enfiler les victoires comme des perles. Elle gagne notamment au cours d'une tournée ses 38 matchs qui l'ont opposée à celle qu'elle venait de battre en finale des Internationaux de France, l'Américaine Mary Browne.

Puis Suzanne ouvre une école de tennis qui deviendra quelques années plus tard, en 1936, un centre fédéral officiellement reconnu par la FFT.

Elle s'éteint à l'âge de 39 ans, foudroyée par une leucémie.